Évolution dans le monde de l’impression — L’EcoTank

Paul Falardeau - 30 octobre 2016

Avant toute chose, je dois avouer que pour un premier article pour MacQuébec, j’étais enthousiaste à l’idée de vous présenter une technologie innovante, qui peut changer nos idées sur les technologies de l’impression, le système EcoTank — PrecisionCore d’Epson, avec l’essai du modèle ET-4550.

(L’imprimante Epson ET-4550 nous a été fournie gratuitement par Epson Canada)

Pourquoi changer un système si payant pour les fabricants?

Avant de débuter, j’aimerais faire un rappel historique. En 2009, Epson, sans admettre sa responsabilité, a dû dédommager des milliers d’utilisateurs de ses produits Inkjet (Système de cartouches d’encre). En effet, il a été reconnu que le fabricant avait installé un compteur de pages à l’intérieur des cartouches, qui les rendaient inopérantes après un certain seuil, et ce, même s’il restait du précieux liquide à l’intérieur. Vous conviendrez que jeter 50 mL d’encre dans une cartouche qui à l’origine en contient 220 n’est pas très économique.

http://ici.radio-canada.ca/actualite/v2/lafacture/niveau2_5422.shtml

http://ici.radio-canada.ca/radio/techno/categorie.asp?whichpage=3&pagesize=6&cat=209

Depuis quelques décennies, lors de l’achat d’une imprimante, nous avions le choix entre deux grands systèmes rivaux : l’environnement laser avec sa poudre ou le système des cartouches d’encre dispendieuses et polluantes. Ensuite, nous devions choisir entre le monochrome ou la couleur.

Je sais, les puristes parmi vous déclareront qu’il y a d’autres systèmes d’impression. Entre autres, les systèmes à ruban comme la matricielle, la marguerite et la boule d’impression IBM, ainsi que d’autres systèmes moins connus. Mais ici, je parle pour la majorité des usagers.

Malheureusement, chaque technologie ayant ses forces et ses faiblesses, nous devions faire des concessions sur la qualité, le coût par page ou bien la qualité d’impression.

Pour ma part, j’ai toujours opté pour un système au laser monochrome. Me disant que le coût par page valait bien de payer plus pour l’imprimante et que, si j’avais besoin de la couleur, je pouvais me rabattre sur les nombreux pharmacies et autres commerces, qui font de l’excellent travail à un coût raisonnable.

Au début de la décennie, Epson, après avoir écouté ses clients, a répondu à son erreur en présentant une nouvelle technologie d’impression à l’encre appelée PrecisionCore. Cette technologie veut concurrencer le monde de l’impression au laser. Epson, à force de recherche et de développement, a conçu des têtes d’impression plus durables, plus précises et surtout plus économiques en encre.

Au CES 2016, Epson arrive avec une autre innovation sous le nom d’EcoTank. Le principe est de perfectionner le PrecisionCore en retirant la cartouche de l’équation. Avec un prix pour une imprimante qui reflète le prix réel du périphérique, le fabricant ne se finançait plus sur le coût d’acquisition des cartouches par les utilisateurs. Cette innovation fut d’ailleurs récompensée au CES 2016.

Lors de l’achat d’un produit EcoTank, Epson fournit des bouteilles scellées sous vide et contenant assez d’encre pour deux ans d’utilisation.

Avec le modelé ET-4550, pour 2 ans d’utilisation, c’est 850 mL pour une estimation de 11 000 pages. Epson estime que l’encre fournie à l’achat équivaut à plus de 50 ensembles de cartouches, soit 200 cartouches d’encre de souvent moins de 15 mL chacune.

De plus, le coût de remplacement de ces bouteilles est très économique, soit environ 15 $ par bouteille ou +/- 50 $ pour l’ensemble de quatre bouteilles.

Lecture du guide de l’utilisateur

J’ai une confidence à vous faire : depuis ma plus tendre enfance, je prends toujours un malin plaisir à lire le manuel de l’utilisateur afin de connaître toutes les fonctions et les caractéristiques de mon nouveau jouet.

Je dois vous avouer que ce manuel de 307 pages m’a laissé perplexe. À la fin de la lecture, je savais que l’imprimante acceptait le papier de format légal (8,5’’ x 14’’), mais je n’avais aucune idée comment y arriver. Plus tard, à force de manipulations, j’ai compris le système, mais en aucun cas ce ne fut à l’aide du manuel.

vitre du scanner De plus, certaines parties de l’imprimante restent encore une énigme pour moi. Sous le couvercle, il y a une petite zone vitrée de 3 cm de largeur précédant la vitre du numériseur (voir la flèche sur le schéma ci-dessus). Instinctivement, avant la lecture du manuel, je m’étais dit que cette zone devait être réservée à la numérisation de négatif. Mais en aucune occasion, il n’en est question dans le manuel et je ne connais toujours pas la raison de sa présence.

Remarque : un grand sac de plastique de bonne qualité est inclus ainsi que des instructions sur la manière d’emballer l’imprimante pour éviter des dégâts d’encre. Lors de la lecture du manuel de l’utilisateur, on nous met en garde contre les fuites si l’imprimante n’est pas manipulée horizontalement. Attention à vos meubles de bois exotique et à vos vêtements griffés.

Utilisation dans un environnement MAC

Le réseau reconnu, on ajoute l’imprimante dans nos Préférences Système et celle-ci fonctionne parfaitement.

Pour ce qui est du logiciel de numérisation, il est préférable d’installer celui d’Epson qui donne beaucoup plus de fonctionnalités que celui de base fourni par Apple.

Ne possédant pas de lecteur de CD/DVD sur mon iMac, je passe par le site de soutien d’Epson Canada afin de télécharger les pilotes requis.

SURPRISE — Je choisis le système d’exploitation soit macOS 10.12, tous les pilotes sont des dmg comme il se doit, sauf celui du numériseur qui est un exe. Je vais sur mon ordinateur PC Windows et je constate que, sur le CD d’installation de l’imprimante, les pilotes OS sont d’une rareté relevant presque de l’affront. J’ai dû me rabattre sur le site d’Epson É.-U. qui, en plus d’avoir les bons liens, m’offrait la langue de mon choix.

L’AirPrint fonctionne comme un charme. Mon routeur est une Apple AirPort Extreme, mais j’ai fait quelques tests sur un routeur d’un autre manufacturier et je n’ai pas constaté de problèmes.

Prise en main

Avant de recevoir l’appareil, mes lectures sur cette technologie et sur ce produit en particulier m’avaient emballé.

Ma première déception est de tomber sur un plastique bon marché me rappelant celui du tableau de bord de ma Nissan Sentra 1988 : noir, terne, craquelant de partout et me donnant l’impression qu’il va se briser en dessous de 0°C.

Un petit guide de démarrage (anglais/français) rapide très bien conçu est fourni, mais aucun manuel de l’utilisateur physique. Celui-ci n’est offert que sur le CD ou en téléchargement sur le site d’Epson.

On débouche les bouteilles et on remplit les quatre réservoirs des différentes couleurs. Il est préférable d’user de minutie, car c’est de l’encre et ça tache. Pour ma part, j’ai utilisé des gants de latex et j’ai aussi protégé mon meuble. Ainsi, il n’est rien arrivé de fâcheux. Par contre, quelques visionnements sur YouTube vous montreront que le pire peut arriver. Mais avec un minimum de prudence, je dois admettre que c’est très bien conçu.

Si ce n’avait été de l’interminable vingt minutes d’initialisation afin de remplir les tubes d’encre, j’aurais maîtrisé la bête en 5 minutes.

Enfin, elle découvre mon réseau 2,4 GHz, mais impossible de la brancher sur la bande 5,0 GHz de mon routeur Airport Extreme. Je découvrirai plus tard dans le manuel de l’utilisateur qu’elle ne fonctionne seulement sur le 2,4 GHz.

Aucune bavure, le texte est très clair et je n’ai rien à redire sur les quelques premières pages de texte imprimées.

J’imprime aussi une photo sur du papier de qualité ordinaire et, à ma grande surprise, la qualité est étonnante.

Le fabricant classe la ET-4550 dans la gamme des imprimantes de bureau. Par son prix, elle se situe en milieu de peloton dans cette catégorie. En excluant la gamme Eco-Tank de notre analyse, on s’aperçoit que le budget de recherche et développement de cette technologie a dû coûter une petite fortune. Effectivement, dans la même gamme de prix nous retrouvons des imprimantes avec beaucoup plus de caractéristiques, telles que l’alimentation feuille à feuille, des vitesses d’impression pouvant aller jusqu’au double, et des capacités de cassettes de feuilles beaucoup plus grandes. D’autre part, dans la même gamme de prix, il est possible de trouver chez la concurrence des périphériques avec plus d’une cassette de feuilles.

N’ayant pas les moyens technologiques pour analyser professionnellement chaque photo, et comme la technologie des têtes d’impression varie d’un fabricant à l’autre, je dois me résigner à vous donner mes impressions subjectives sur les résultats du périphérique.

En oubliant le coût d’acquisition de l’appareil.

J’ai adoré le rendu des impressions texte, et ce, même dans les polices les plus petites. Sur du papier de qualité ordinaire, je ne décèle pas de bavures, et les caractères sont nets et précis. Et ceci pour moins de 1 ¢ par page.
Tout comme l’impression de texte, l’impression d’images est sans bavures, nette et précise. Pour un coût de 2 ¢ la page.
L’ET-4550 n’est pas considérée comme une imprimante photo. Pourtant, sur un papier de meilleure qualité, elle réussit à nous étonner. Mais à un coût de 13 ¢ la page, il vaut mieux s’en servir pour vous dépanner que pour imprimer vos précieuses photos.

J’aurais aimé vous donner des statistiques sur le nombre de points par pouce, sur la résolution en ppp, mais chaque fabricant a développé des technologies tellement différentes qu’aujourd’hui ces chiffres ne servent qu’au marketing.

La numérisation nous a aussi donné des surprises. Avec une qualité de 1200 ppp, qualité photographique, une feuille de 8,5’’x11’’ peut prendre 10 minutes à numériser. Heureusement, la qualité est au rendez-vous, autant sur les surfaces glacées que sur les mates. Évidemment, en abaissant la qualité, le temps de numérisation baisse de façon exponentielle. À 300 ppp, nous apercevons clairement les pixels.

Si vous voulez en savoir davantage sur la concurrence, le magazine Protégez-Vous a produit au mois d’août dernier un excellent reportage. Ils ont testé plus de 110 imprimantes laser et à jet d’encre.

https://www.protegez-vous.ca/Technologie/imprimantes

Conclusion

Je dois vous avouer que le produit m’a été fourni gratuitement par Epson. J’étais enthousiaste à l’idée de tester ce produit. Honnêtement, si j’avais dû débourser 600 $ pour cette imprimante, j’aurais probablement été déçu par le produit manque de fonctionnalités par rapport à son coût d’acquisition. Tous les efforts ont été mis sur la baisse du coût d’impression. Reste à savoir si la clientèle va vouloir investir 200-300 $ de plus pour réduire de façon significative son coût d’utilisation. Ça peut cependant être rentable pour quelqu’un qui a un gros débit d’impression.

Il y a dix ans, alors que les premières automobiles électriques apparaissaient avec un prix élevé et un coût d’utilisation bas, est-ce que l’on y croyait? Aujourd’hui, l’idée a fait son chemin et la possession d’une voiture électrique est quelque chose de plausible. Est-ce que ce sera le même cheminement pour ce genre d’imprimantes?

Finalement, je crois vraiment que cette technologie peut vraiment changer le monde de l’impression personnelle. Le coût d’utilisation est un facteur déterminant dans le choix d’un périphérique d’impression. Personnellement, j’attendrais les rabais de fin de saison qui arriveront sans doute dans les prochains mois.