Au cours des dernières semaines, Apple a lancé aux États-Unis une version AWS de son plus récent iPhone, compatible avec le réseau du fournisseur T-Mobile, le seul fournisseur majeur qui n’offrait pas encore l’appareil. Aussitôt la nouvelle annoncée, plusieurs utilisateurs du réseau cellulaire de Vidéotron se sont demandé quand l’entreprise allait leur offrir cet appareil.
Depuis le lancement de son réseau cellulaire, Vidéotron est loin d’avoir impressionné le public québécois, préférant se baser sur sa position quasi monopolistique sur le marché des télécommunications pour faire grossir sa base d’abonnés. En offrant différents forfaits combinant plusieurs catégories de services ainsi que des avantages et des rabais exclusifs, la très grande majorité des utilisateurs du service sans fil de Vidéotron l’utilisent parce qu’ils sont déjà abonnés aux autres services de l’entreprise.
Prenons par exemple la dernière promotion de l’entreprise, intitulée « Le gérant est tombé sur la tête » et répétée maintes et maintes fois sur les ondes des réseaux affiliés à Québecor. Pour 54,95 $, le client potentiel obtient un forfait incluant une utilisation illimitée des services de transmission vocale et de messagerie texte, en plus d’une quantité raisonnable de transfert de données (3 gigaoctets). L’offre peut sembler à première vue très agressive par rapport à ce que les autres fournisseurs de services sans fil offrent, mais en approfondissant les recherches, on remarque que le consommateur en ressort perdant.
D’un point de vue global, la technologie AWS utilisée par le réseau de Vidéotron est la moins utilisée des trois principales technologies de transmission sans fil, les autres étant GSM et CDMA. Les différents fabricants ne créent donc pas d’appareils spécialement conçus pour cette technologie. En effet, la majorité des appareils sont tout d’abord lancés sur les réseaux des grands fournisseurs GSM et CDMA, puis, souvent quelques semaines ou quelques mois plus tard, ils sont offerts sur le réseau des fournisseurs AWS. Dans la plupart des cas, l’engouement initial pour l’appareil s’est estompé et les éléments de nouveauté et de découverte n’y sont plus, puisque les médias ont pu exposer les qualités et les défauts des appareils. Il arrive même que certains modèles ne possèdent pas exactement les mêmes fonctionnalités d’un réseau à l’autre.
Toutes ces contraintes sont loin d’être à l’avantage des clients du service sans fil de Vidéotron. En plus d’être un joueur ayant très peu d’influence sur l’industrie, le réseau utilise une technologie qui restreint le choix d’appareils offert aux utilisateurs.
Un point passé sous silence dans un bon nombre de publicités de Vidéotron est le type de réseau qui se cache derrière l’appellation « 4G » mise de l’avant par l’entreprise. Cette appellation n’étant pas contrôlée par une autorité officielle, les fournisseurs l’utilisent très souvent à toutes les sauces, venant ainsi créer de la confusion chez les utilisateurs.
Pour être certain de la vitesse potentielle sur un réseau, il faut prendre en compte la technologie de transmission de données utilisée, soit pour une connexion dite 4G (HSPA, utilisée par Viédotron), soit LTE (utilisée par les autres fournisseurs, dont Rogers et Fido). En regardant de plus près les spécifications de chacune de ces technologies, on remarque que les vitesses maximales pouvant théoriquement être atteintes par le HSPA (40 Mb/s) sont nettement inférieures à celles atteintes par la technologie LTE, soit 100 Mb/s.
De plus, certains appareils viennent réduire encore plus cette vitesse en imposant des limitations matérielles. Par exemple, le Nexus One de Google, vendu précédemment par Vidéotron comme téléphone phare de l’entreprise, peut théoriquement atteindre des vitesses maximales de 7,2 Mb/s. Les utilisateurs de cet appareil ne pourront donc même pas tirer profit des vitesses maximales du réseau.
Un absent très fortement remarqué de l’offre de Vidéotron est nul autre que le Saint Graal du téléphone intelligent, l’iPhone. Même si une version compatible existe, les politiques en vigueur chez le fournisseur sont conçues pour empêcher les clients de choisir un appareil qui n’est pas officiellement vendu par l’entreprise. Piqué par un élan de curiosité, Dean Lubaki, un ancien collaborateur de MacQuébec, a voulu voir si son iPhone 5 AWS acheté dans un Apple Store américain était bel et bien compatible avec le réseau de Vidéotron.
En taillant et en insérant une carte SIM Vidéotron dans son appareil, il a pu confirmer qu’il était bel et bien possible de se connecter au réseau et d’atteindre des vitesses de téléchargement comparables à celles des autres fournisseurs offrant l’appareil. Voici donc une lueur d’espoir pour les clients qui auraient voulu activer leur appareil. Par contre, un appel au service à la clientèle a rapidement mis fin à cet espoir. Il est impossible d’obtenir un portrait très clair des politiques du fournisseur, Selon ce dernier, on peut se procurer une carte SIM sans acheter un appareil, mais le client doit effectuer cet achat en présentant l’appareil qu’il souhaite activer à un représentant de Vidéotron qui confirmera si l’appareil est compatible avec le réseau en consultant une liste contenant tous les modèles approuvés par l’entreprise.
Lorsqu’on l’a interrogé sur les critères utilisés pour qu’un appareil soit ajouté à cette fameuse liste, l’agent du service à la clientèle a été plutôt avare de détails, précisant uniquement que ce sont tous des appareils compatibles avec le spectre de fréquence AWS, évitant habilement de mentionner si certains modèles sont délibérément exclus. Cette situation ne serait pas alarmante si les appareils distribués officiellement l’étaient à un prix compétitif. Un exemple illustrant à merveille cette situation est le Nexus One, lancé il y a près de trois ans. Au cours de cette période, Vidéotron a offert la version verrouillée de l’appareil au prix de vente original de 479,95 $, alors que Googlee et tous les autres fournisseurs en réduisaient significativement le prix.
Comme la majorité des clients du service de téléphonie mobile de Vidéotron sont également abonnés à d’autres services de l’entreprise, il faut également regarder la total de la facture mensuelle pour comprendre le ridicule de la promotion actuelle. Au point de vue de l’accès Internet, les utilisateurs de Vidéotron paient plus cher que ceux de tous les autres fournisseurs, à l’exception de Bell. Il est certain que Vidéotron brandira l’argument de la simplicité (tous les services au même endroit et une seule facture à payer tous les mois). Par contre, l’époque où on devait faire la queue à la banque pour payer ses comptes mensuels étant révolue il est désormais question de quelques secondes seulement pour payer son compte par Internet. Les consommateurs moindrement consciencieux de leur budget auraient avantage à se mettre à l’affût de l’offre de service d’entreprises indépendantes revendant les services des gros joueurs.
Les Bell et Vidéotron de ce monde miseront très certainement sur l’argument du service à la clientèle pour essayer de justifier les prix plus élevés, mais s’agit-il vraiment d’un bon point dans une société ou de plus en plus de gens se tournent vers des solutions libre-service pour régler eux même leurs problèmes? Peut être s’agit-il d’une mentalité réservée généralement aux plus jeunes, mais lorsque le seul point à sacrifier afin d’économiser sur un tarif mensuel pour un service identique est deux heures d’ouverture en moins par jour du service à la clientèle, on n’a pas tant à réfléchir. Le choix se simplifie beaucoup.
Je l’ai déjà mentionné : le public cible de Vidéotron n’est malheureusement pas composé de gens informés et débrouillards avec les différentes technologies de télécommunications. En effectuant un minimum d’étude sur les principes de base et en comparant les forfaits avec ceux de quelques fournisseurs de VoIP et revendeurs d’Internet, on peut facilement remarquer que le gérant a bel et bien perdu la tête en nous offrant une telle promotion – mais dans un tout autre sens que ce qu’annonce la publicité.
Un changement de fournisseur vers une entreprise de plus petite taille peut sembler un immense risque à prendre pour plusieurs, mais dans la très vaste majorité des cas, voire la totalité, votre portefeuille en ressortira gagnant. Vidéotron est à la base une compagnie de câblodistribution qui s’était donnée comme but lors de sa fondation d’offrir des services de télé par câble à une majorité de québécois, et demeure une des seules compagnies offrant un service fiable dans ce domaine au Québec. Selon moi, il s’agit du seul service de l’entreprise auquel une résidence devrait être abonné.
Pour tout le reste, une petite visite chez les compétiteurs fera vite remarquer au client potentiel ce que Vidéotron ne peut pas se permettre d’offrir. Vous n’obtiendrez peut-être pas un abonnement de 6 mois au Journal de Montréal en choisissant Fido ou Rogers comme fournisseur de services cellulaires et Distributel ou ElectronicBox comme fournisseur d’accès Internet. Vous en aurez tout simplement pour votre argent sans être ébloui par de la convergence et des cadeaux aux allures de propagande.
Remarque : Les prix, promotions et produits étaient exacts au moment de la rédaction de cet article, mais ils peuvent être modifiés par les fournisseurs concernés en tout temps et sans préavis.
La responsabilité du contenu de cette publication n’engage que son auteur et ne reflète pas nécessairement l’opinion de MacQuébec
Passionné de tout ce qui touche de près ou de loin à l'univers Apple, j'adore me tenir au courant des nouveaux développements du domaine de l'informatique ou du monde de la consommation. Je suis aussi collaborateur pour Les Amateurs de Mac Bonsoir et Le Podcast de MacQuébec. Suivez-moi sur Twitter : @jm_boily.
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