Dans le courant de la dernière semaine, Bell en a surpris plusieurs en annonçant une toute nouvelle option de bande passante disponible pour les clients résidentiels québécois. En effet, ceux-ci pourront désormais dire adieu aux limites de téléchargement pour un supplément de 10 $ par mois à condition d’être abonnés à au moins 3 services offerts par l’entreprise. Cette décision permet ainsi à Bell de se doter d’un certain avantage concurrentiel non seulement face aux autres grands joueurs de l’industrie au Québec, mais aussi face aux fournisseurs de service indépendants, eux-mêmes revendeurs du service de Bell et qui offrent depuis longtemps cette possibilité avantageuse pour plusieurs. Est-ce que cette annonce de la part de Bell est un avant-goût de la direction vers laquelle les autres s’engagent?

Des limites mal adaptées

Les limites offertes par les fournisseurs frisent très souvent le ridicule. Avec l’avènement des nouveaux services notamment Netflix, la location de vidéo en ligne et iTunes Sync, la consommation de grande quantité de bande passante est devenue presque inévitable. Un utilisateur abonné à un service haute vitesse de base se voit allouer mensuellement en moyenne une trentaine de gigaoctets de capacité de transfert ce qui correspond à environ 4 films en haute définition. Il s’agit là d’un vrai casse-tête pour l’utilisateur qui devra gérer sa consommation tout au long du mois afin de ne pas avoir à payer de frais d’excédent.

Dans certains cas, il s’agit du fournisseur de service qui fait pression sur ses clients pour que ceux-ci utilisent leur précieuse allocation de bande passante. Prenons par exemple le service Illico.tv offert aux abonnés aux services de télédistribution et d’Internet de Vidéotron permettant de visionner du contenu sur demande tel que des films, des émissions de télé et de la musique ainsi que certaines chaînes en direct. Au bas de toutes les pages du site on remarque en évidence la mention « Le contenu visionné sur Illico.tv (sur demande ou en direct) sera inclus dans la consommation Internet ». Vidéotron distribue donc sur son réseau du contenu destiné à ses abonnés et facture à ces mêmes abonnés des frais d’excédents pour l’utilisation « excessive » du contenu mis à leur disposition. Les frais engendrés par Vidéotron pour une telle distribution qui demeure à l’intérieur de son réseau doivent être négligeables, mais sont facturés à gros prix aux utilisateurs qui ne font que profiter d’un avantage offert gratuitement par leur fournisseur de service. Dans un cas semblable où un fournisseur incite un client à dépenser sa très maigre allocation de bande passante sur un de ses services, il est tout à fait justifié de décrier la quantité beaucoup trop restreinte de gigaoctets all0ués par mois. Si l’utilisation du service Illico.tv était gratuite et illimitée pour les abonnés aux services requis, cette situation ne serait pas aussi problématique.

Les compagnies américaines ne cessent d’innover au point de vue du divertissement en ligne. Que ce soit la diffusion de films ou d’émission de télé en continu les jeux en ligne ou le partage de fichiers, beaucoup de ces sites sont conçus avec une vision bien américaine de l’utilisation de la bande passante. Chez nos voisins du sud, très rares sont les fournisseurs de service Internet résidentiels qui imposent des limites mensuelles de téléchargement. Les compagnies ont donc carte blanche sur le type de service qu’elles peuvent créer. Apple étant une compagnie américaine, on peut remarquer depuis un certain temps une tendance marquée vers la diffusion de contenu en continu notamment avec la location de films et émissions sur iTunes et le service iTunes Match ainsi que le transfert massif de données par exemple avec iCloud qui prend automatiquement et ce à tous les jours une sauvegarde. Dans le cas de ce dernier service, pour un utilisateur américain la question ne se pose même pas, il s’agit simplement d’un choix selon les capacités du service à savoir si oui ou non la sauvegarde iCloud sera utilisée. Pour un utilisateur canadien toutefois, une analyse s’impose; à environ 50mb par sauvegarde est-il réellement justifié de sacrifier 1.5 gigaoctet de précieuse bande passante pour chaque appareil transmettant sa sauvegarde à Apple?

Fournisseurs de service indépendants

Devant l’absence d’options avantageuses pour eux, certains consommateurs québécois se sont plutôt tournés vers une autre solution pour se sentir plus libres dans leur utilisation. Au cours des dernières années, plusieurs fournisseurs de services indépendants (ElectronicBox et Distributel étant parmi les plus populaires) ont fait leur apparition venant ainsi gruger du terrain aux géants des télécommunications. Ces compagnies opèrent en suivant un modèle très simple : elles revendent à leur client le service d’un des gros joueurs, Bell ou Vidéotron par exemple, à des prix très avantageux et très souvent avec des capacités de transfert illimitées ou plusieurs fois supérieures à celles offertes normalement avec des vitesses comparables. Bell et Vidéotron, pour ne nommer que ces deux compagnies, sont très au fait de ce phénomène qui commence à prendre de plus en plus d’ampleur, mais semblent miser sur la fiabilité de leur réseau et de leur service à la clientèle pour conserver leurs clients.

On peut illustrer cette situation en prenant l’exemple classique du produit de marque nationale et du produit de marque maison distribué dans un supermarché. Bien des gens préfèreront celui de marque nationale puisqu’il est mieux présenté et d’une qualité plus constante que son homologue de marque maison. Dans le domaine des fournisseurs de service indépendants, les compagnies de télécommunications aiment bien tirer des cordes sensibles chez les clients menaçant de quitter en les mettant en garde quant à la qualité du réseau ou du service à la clientèle. Certes, s’abonner à un tel fournisseur requiert un minimum de connaissances informatiques, mais la qualité du service demeurera toujours la même qu’avec n’importe quel autre fournisseur puisque le mode d’acheminement service à votre résidence se fera de manière tout à fait identique. Un avantage par contre sera sans doute la fin des tracas de gestion de la bande passante en plus de réaliser dans bien des cas des économies monétaires intéressantes.

Bref, même si certains demeureront toujours très satisfaits des limites de bande passante de leur forfait Internet, d’autres, désireux de profiter au maximum de ce que ce réseau global a à offrir, sont constamment à la recherche de moyens permettant d’optimiser leur expérience en ligne. En étant le premier gros joueur à offrir une option de transfert de données illimitée, Bell se place en position intéressante, mais viendra aussi sans doute inciter ses compétiteurs à offrir une telle option à leurs clients.

L’Internet évoluant à une vitesse fulgurante chaque jour, il est très rassurant de voir que les fournisseurs de service innovent lentement mais sûrement pour s’assurer que leurs abonnés puissent continuer à faire du Canada une des nations les plus branchées de la planète.

Plus de détails sur l’option « Utilisation Internet Illimitée » offerte par Bell en contactant le service à la clientèle au numéro approprié ou en consultant le site web de Bell.