En février dernier, le Conseil des technologies de l’information et des communications (CTIC) publiait un rapport sur l’industrie des applications mobiles au Canada. L’objectif de ce rapport était de démontrer l’émergence et l’adoption de cette industrie au cours des dernières années au Canada ainsi qu’un regard sur ce que pourrait devenir cette industrie dans les cinq prochaines années.

Voici d’ailleurs quelques statistiques tirées de ce rapport :

• On estime qu’il y a 28 millions de Canadiens abonnés à un service de téléphonie cellulaire. 21 millions d’entre eux possèderaient un téléphone intelligent, une nette augmentation par rapport au « maigre » 9 millions il y a seulement 3 ans.
• 18 millions de Canadiens utilisent des applications mobiles en 2014, contre 2 milliards à travers le monde. On estime que cette tendance mondiale atteindra 5 milliards d’usagers d’ici 2019, soit une augmentation de 150 %.
• 51 % des entreprises de conception d’applications mobiles obtiennent leur financement par l’intermédiaire de leurs propres ressources financières, celles de la famille ou d’un investisseur bienfaiteur. Seulement 26 % utilisent du capital provenant de leurs autres entreprises, 6 % utilisent du capital-risque et 4 % de financement public, par exemple KickStarter ou Indiegogo.
• En date du rapport, 64 100 emplois avaient été créés au Canada grâce à cette industrie. On estime qu’un autre 45 900 emplois, pour un total de 110 000, seront créés d’ici 2019.
• 28 700 de ces emplois ont été créés en Ontario, 14 000 au Québec, 8 800 en Colombie-Britannique, 6 600 en Alberta, et le reste divisé entre les autres provinces des Prairies et celles des Maritimes
• Les entreprises spécialisées en applications mobiles génèrent des revenus combinés de 1,7 milliard en 2014. On prévoit une croissance de plus de 300 %, pour atteindre 5,2 milliards en revenus pour 2019.
• 40 % de ces revenus sont générés dans la même province que l’entreprise, 17 % ailleurs au Canada et 28 % aux États-Unis.
• 33 % des entreprises canadiennes en applications mobiles sont en activité depuis moins de 5 ans, alors que 25 % le sont depuis moins de 4 ans.
• 80 % de ces entreprises ont 10 employés ou moins.

Ces statistiques montrent clairement que l’adoption des téléphones intelligents et autres appareils mobiles est en hausse au Canada et que l’industrie est en forte croissance. Cette tendance va se maintenir pour au moins les 5 prochaines années, voire beaucoup plus.

En ce qui concerne les coûts reliés à la conception d’applications mobiles, le rapport y voit une synergie entre la taille de l’entreprise qui crée une application mobile et son coût. Le rapport estime le coût moyen d’un projet d’application mobile, conçue par une petite entreprise, à environ 15 000 $, variant entre 4 000 $ et 75 000 $. Pour une entreprise de taille moyenne, les revenus approximatifs seraient de 25 000 $, alors qu’ils seraient de 40 000 $ pour une grande entreprise.

On y note que les applications pour les secteurs publics, éducationnels et de la santé, sont les plus dispendieuses généralement dus à leur complexité et les fonctionnalités désirées.

Dans la section sur les emplois, le rapport y indique que les emplois suivants sont, et continueront d’être, très populaires pour les années à venir. Les emplois les plus sollicités seront :

• Créateurs d’applications
• Testeurs d’applications
• Programmeurs (C#, JavaScript, MYSQL, HTML5, et PHP)
• Artistes techniques
• Ingénieurs logiciels
• Concepteurs graphiques (UI/UX)
• Gestionnaires de produits
• Architectes infonuagiques
• Soutien technique

Dans ce dossier emploi, le rapport remarque que les entreprises spécialisées en applications mobiles devront faire face à deux obstacles majeurs : la difficulté de recruter du talent local et expérimenté, ainsi que la difficulté de trouver le financement nécessaire à l’expansion de l’entreprise. En premier lieu, puisque que cette industrie est encore jeune, il existe très peu de programmeurs cherchant du travail et qui possèdent une excellente expérience dans le domaine. Cela force donc les entreprises à engager des nouveaux employés moins expérimentés et à les former adéquatement. Sur le plan des finances, ces mêmes entreprises qui veulent prendre de l’expansion se butent régulièrement à des fins de non-réception, car ils ne possèdent souvent pas de gros actifs pouvant être sécurisés contre un prêt bancaire.

Le rapport a également demandé aux dirigeants d’entreprise de discuter de compétiteurs dans le domaine de la création d’applications mobiles. Comme j’ai pu le constater avec mon entreprise, Pirocso, environ 80 % des répondants ont indiqué être en compétition avec des entreprises étrangères, alors qu’une entreprise sur six fait face à de la compétition ailleurs au Canada. Cependant, le rapport estime que la majorité des entreprises sont ou seront en compétition directe avec des entreprises aux États-Unis au cours des cinq prochaines années.

Tous ces résultats, et les autres faits et conclusions de ce rapport ,ont été tirées d’entrevues effectuées avec plus de 100 dirigeants d’entreprises spécialisées en applications mobiles.

Vous pouvez consulter le rapport dans son entier en cliquant ic i: http://www.ictc-ctic.ca/wp-content/uploads/2014/02/AppificationFeb2014.pdf

Pierre Rochon

Pirocso