Cet article a été écrit par Patrick Parent, vieux fan d’Apple, co-fondateur de E-Gouv Québec et communicateur numérique depuis presque 20 ans.

Les opinions émises dans le texte qui suit ne sont pas nécessairement celles de MacQuébec

Je ne porte pas de tatouage, mais si j’avais à un choisir un, ou même deux, j’opterais pour  le X de la série télé X-Files et la pomme croquée du logo d’Apple.  Parce que dans les deux cas, je suis vraiment un fan. Solide. Du genre intense et complètement irrationnel. Un adepte, un fidèle, un croyant.

Photo : Etsy 

Dans le cas de X-Files, je suis un fan triste et nostalgique puisque la série a pris fin en 2002. Depuis ce temps, j’ai flirté avec quelques autres séries télé, mais je ne suis jamais devenu fanatique.  Même chose pour Apple. Depuis la première bouchée dans ce fruit défendu (c’était un Macintosh Plus à la fin des années 80), j’ai été envoûté et je ne pars jamais sans une pomme. Je ne veux surtout pas devenir un fan triste et nostalgique d’Apple. Je ne veux pas voir Tim Cook ou Jonathan Ive aller chanter au Colisée Pepsi déguisé en iPad géant dans le spectacle Le retour de nos idoles.

Depuis que Steve Jobs nous a quitté pour aller rejoindre son iCloud éternel, il y a comme un nuage gris qui flotte au-dessus de l’entreprise. Je ne sais pas si c’est l’ombre du créateur, mais c’est un étrange moment pour les fans ou du moins, pour moi. Il faut dire que Apple nous a habitué à innover à un rythme assez fou, gardant ainsi la plupart de ses concurrents à bonne distance. Mais depuis quelques mois, il semble y avoir un pépin, du moins, vu de l’extérieur.

Trust no one*

Autre point en commun entre mes deux passions : le culte du secret. La série télé de Chris Carter avait le don de nous intriguer avec des secrets ou des demi-vérités que devaient décortiquer les agents spéciaux Dana Scully et Fox Mulder. Le sens du suspens, la construction du mythe.

Steve entretenait aussi cet amour de l’occulte. Parlez-en aux employés du siège social de Copertino qui doivent suivre la loi de l’omerta ou à ceux des Apple Store qui ne savent pas avant d’ouvrir les boîtes de livraison combien de iPad elles contiennent (ou si elles contiennent un nouveau iPad). C’est tout juste si un département sait sur quoi travaille l’autre à côté et pourtant parfois, l’un produit la pièce qui devra compléter celle que son voisin conçoit.

Et si cette loi du silence, ce culte du secret n’étaient plus la recette magique de l’innovation pour Apple ? Si la vérité était ailleurs.

Truth is out there*

Apple a l’immense avantage d’avoir une large base de fans qui suivent ou plutôt vénèrent toutes les créations de l’entreprise depuis ses débuts, à l’époque où Big Brother était IBM et Microsoft l’ennemi en devenir.

Ces fidèles disciples ont certainement une foule d’idées et de suggestions pour stimuler ou du moins, participer au retour de l’innovation, au retour de la « magie ».

M. Cook, nouveau grand chef de cette grande marmite de talents créatifs et ingénieux, si vous vous ouvriez à vos fans ? Si vous laissiez l’intelligence collective se mélanger aux pommiers de votre serre pour créer une nouvelle variété de fruits savoureux et colorés ?

Ouvrez les écoutilles du vaisseau mère (tiens tiens, un autre lien avec X-Files) pour provoquer la rencontre du troisième type ou amorcer la troisième vie d’Apple. Ce serait peut-être la façon de sortir de l’ombre de votre ancien patron et d’assurer un avenir plus lumineux pour la mythique marque.

Et comme me dit souvent ma blonde : « faut ouvrir un peu pour changer l’air. »

Cette ouverture pourrait prendre la forme d’un « challenge » comme le fait le gouvernement américain pour améliorer les services publics. Cela pourrait être un AppleCamp où les fans et les employés d’Apple s’enferment un week-end pour co-créer un nouveau produit. Organiser un Living Lab dans lequel les clients s’amusent et testent vos prototypes. Ou encore, demander à vos employés d’échanger leurs projets avec celui d’un collègue pour les sortir de leur zone de confort et apporter un nouveau regard sur un produit en développement.

Il me semble qu’il y a là quelques pistes pour remettre l’audace légendaire de l’entreprise à l’avant-plan. L’occasion de doubler la concurrence, d’aller encore une fois là où personne ne vous attend.

Et si jamais vous hésitez parce que vous vous dites que jamais M. Jobs n’aurait accepté de telles pratiques, rappelez-vous le conseil qu’il vous a donné avant sa funeste démission « Tim, n’essai surtout pas de diriger comme moi, ce serait stupide. Fais-le à ta façon. »

En fait, oubliez tout ce que je viens de vous dire. Inspirez-vous simplement d’un des plus mémorables slogans de votre entreprise et de cette compagne publicitaire qui marquait le retour de Steve à la tête d’Apple en 1997 : Think Different.

I Want To Believe*

En réalité, je ne suis qu’un simple fan et mes conseils se fondent sur aucune expertise particulière.  En fait, il ne s’agit même pas de conseils, c’est plutôt ma crainte de voir Apple devenir une compagnie technologique comme tant d’autres qui me poussent à taper sur le clavier de mon rutilant MacBook Pro Retina jusqu’à trop tard dans la nuit.

L’entreprise est-elle à la recherche d’un ADN renouvelé ? Prend-elle simplement un peu de recul pour mieux rebondir ? Elle l’a déjà fait dans le passé, et de façon spectaculaire. Je crois qu’elle sera en mesure de le refaire, à condition de se réinventer encore une fois.

Je veux y croire.

Patrick « iPat Mulder » Parent

*Je n’ai pas traduit ces trois citations de la série X-Files, simplement pour ne pas perdre ce qu’elles évoquent en version originale.

P.-S. J’oubliais, si j’avais à choisir un troisième tatouage, ce serait le logo des Rebelles dans Star Wars…ou le logo de Batman. Ben oui ! Je suis fan de ces trucs-là aussi. J’ai le droit, bon.