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jOBS : Est-ce que vivre pour ses idées, c’est vivre?

Voici les avis du film jOBS par 3 collaborateurs de MacQuébec : Pierre Vaillancourt, Julien Marotte et Patrick Fortin-Ducharme.

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L’avis de Pierre Vaillancourt

Je reviens tout juste de voir jOBS, cette biographie romancée réalisée par Joshua Michael Stern, en version originale anglaise présentée au Centre PHI, rue St-Pierre, dans le Vieux-Montréal.

Quel bel environnement pour plonger dans la tête de cet audacieux entrepreneur qui a révolutionné, à tout le moins, quatre choses de la vie quotidienne : l’interface personne-machine, l’ordinateur personnel, le fonctionnement des ordinateurs et la façon de les vendre. Mais mis à part ces grandes réalisations, il a aussi créé le vide autour de lui.

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Oui, Jobs est un génie, mais tous les mésadaptés sociaux affectifs se reconnaîtront en lui. « Un vrai douche bag ce type », me dira une amie qui m’accompagne. « Il a pas de vie », me lancera une autre. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on n’a pas fait dans la complaisance.

C’est ce que le film montre le mieux, encore mieux que le livre, que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire peu après le départ trop hâtif de Steve Jobs le 5 octobre 2011. Il serait peut-être intéressant d’en faire la lecture avant d’aller voir le film. Ceux qui ne l’ont pas lu n’apprécieront pas toute l’habileté des scénaristes du film qui ont réussi à condenser en 125 minutes les 30 premières années de Jobs et d’Apple, de 1971 à 2000.

C’est ainsi que les acteurs importants de la vie de Jobs, de Wozniak à Sculley et de Laurene Powell à Jonathan Ive, se succèdent à l’écran. Dans la distribution, on s’est efforcé de dénicher des visages ressemblants afin d’apporter un certain niveau de réalisme à l’histoire qui s’écoute comme celle d’un homme marqué par son abandon à la naissance et qui montrera à ses détracteurs que tout est possible quand on s’accroche à son idée. Mais encore faut-il en avoir.

Il n’y a aucun extrait documentaire tiré d’événements réels dans le film. Les éléments du décor sont réalistes et ce qu’on pourrait qualifier de « film d’ado » pourrait bien ressembler à ce que les adolescents de l’époque connaissaient.

Il ne faut pas s’attendre à un flot de spécifications techniques, elles sont pratiquement absentes. Il s’agit d’un film grand public. « Lui-même n’a pas fait grand-chose dans cette histoire », me dit un autre ami. Je lui réponds, prenant la défense de l’auteur du scénario, mais aussi du héros, que le gars qui a eu l’idée de la Grande Muraille de Chine ne l’a probablement pas réalisée lui-même de toute pièce.

« Some see what’s possible, others change what’s possible… Turn on your mind. » : ces deux phrases qui occupent le bas de l’affiche reflètent l’intention du réalisateur d’illustrer le génie de Jobs, ce qui n’est pas une mince tâche pour des « sans-génie » comme moi et quelques autres personnes que je connais.

Donc, la vraisemblance, le romantisme, le courage et la détermination soulignent le caractère unique de celui qui veut « penser différemment », « hors de la boîte ». Ce film qui ne sera pas primé aux Oscars donnera certains frissons à ceux qui aiment Jobs, sa musique préférée ainsi que son projet de rapprocher l’homme du produit. Par contre, il se pourrait que les geeks et les copines soient un peu fâchés. Les premiers parce que le film ne va pas assez loin sur le plan technologique et sur celui de la démarche industrielle, les secondes parce que Jobs n’est « vraiment pas quelqu’un avec qui [elles auraient] aimé travailler ». Il y en a un tas d’autres qui ne seront pas contents : les gestionnaires d’entreprise, les profs de technologie et les vendeurs de chaussures. Mais pour satisfaire les mécontents, cela aura pris 630 pages au biographe Walter Isaacson.

L’avis de Patrick Ducharme

« jOBS » commence avec la scène de fin. Je ne vois pas la plus-value apportée en faisant ça : on dirait qu’on a voulu surprendre en utilisant ce cliché de réalisation qu’on voit trop souvent maintenant.

Kutcher a bien les mouvements de Jobs mais il est malheureusement trop associé à la comédie pour être 100% crédible dans son rôle. Ce n’était pas raté, mais à cause de ce détail, je revoyais trop Kutcher et pas assez Jobs.

Étrangement, plusieurs moments de la vie de Jobs sont absents comme par exemple la période entre son éjection d’Apple en 1986 et son retour. Nous n’avons ainsi vu qu’une ou deux secondes de Jobs dans sa nouvelle compagnie « NeXT ». Et son succès avec Pixar ? Nous n’en avons rien vu. C’est comme si durant les 10 ans pendant lesquels il n’était plus chez Apple, il n’avait fait que faire pousser ses légumes dans son jardin !

Le film aurait peut-être dû s’appeler « Jobs chez Apple » : on nous présente le personnage seulement en lien avec ce qu’il a été chez Apple. J’aurais aimé voir l’homme sortir de l’ombre de la compagnie.

Il me semble également qu’on oublie tout ce qui a fait le succès d’Apple. Pourquoi avoir arrêté en 2001 ? Je pense que le lancement de l’iPhone a été un moment déterminant pour Apple. Il en est de même pour le passage aux processeurs Intel en 2006 qui a attiré beaucoup de nouveaux adeptes du Mac (moi inclus ! ).

On nous présente Steve Jobs comme étant le pire des emmerdeurs. Si ce qu’on voit dans le film est véridique, je me demande pourquoi tant de gens ont voulu travailler pour Apple sous ses ordres !

Ce que je retiens, c’est qu’on a voulu être les premiers à sortir un film sur Jobs. Ça aurait pu être excellent mais ça ne l’était pas. Je prédis qu’il aura tout de même un gros succès au Box Office et encore plus lorsqu’il sortira en DVD-Bluray (peut-être aurait-il dû être un film pour la télé ou destiné à une sortie directe en DVD / Blu-ray).

L’avis de Julien Marotte

Je vous donne mon verdict d’emblée : c’est un bon film, sans plus. De grandes périodes ont été escamotées, d’autres résumées à un simple symbole lors d’une scène, ou, au contraire, certains passages s’attardaient trop longuement sur des détails moins importants. Mais je peux comprendre qu’il était impossible de tout mettre dans le film et que des choix ont dû être faits.

Pour commencer, je tiens à préciser que j’ai lu la biographie de Steve Jobs par Walter Isaacson et elle m’a permis de mieux comprendre le film et les dialogues. Je vous conseille d’ailleurs vivement de la lire si vous voulez apprécier davantage le film. De plus, n’ayant pas vraiment suivi la carrière d’Ashton Kutcher, je n’ai aucun comparatif quant à ses rôles précédents. J’ai trouvé son interprétation bonne et on voit qu’il a fait ses devoirs pour ressembler le plus possible à Jobs. Parfois, on oublie que c’est Kutcher ; d’autres fois ça ne passe pas.

Une grande déception selon moi est le personnage de Wozniak : je ne connais pas très bien la personne mais je doute qu’il ressemblât au personnage du film tel qu’on nous le présente. Il joue un peu trop le rôle de faire-valoir, voire même à quelques reprises de gros niais, pour que le personnage soit vraiment crédible. Même certaines scènes me faisaient penser à une comédie américaine.

Bref, un film qui manque de gueule sur un grand homme du XXe siècle. 7,5/10

Et vous ? Quel est votre avis sur le film jOBS ?

 

À propos de l'auteur

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