Derrière chaque produit Apple, il y a tout un univers secret. Le futur de la technologie se développe derrière des portes closes à accès limité aux équipes de design et d’ingénierie. Ils testent et évaluent des dizaines de prototypes de produits dont certains ne verront jamais le jour. En entrevue, le Californien Hap Plain est un collectionneur passionné qui part à la conquête de ces objets rares, parmi les secrets les mieux gardés de Apple. Indiana Jones n’a qu’à bien se tenir !

Comment a commencé votre passion pour Apple ?

Un jour, j’ai découvert un Macintosh rare dans les petites annonces sur Craiglist, et je n’ai pas pu laisser passer cette chance. Sans le savoir, j’avais acheté l’un des plus rares prototypes d’ordinateurs translucides que Apple a créés : le Macintosh SE translucide. C’est à ce moment-là que tout a commencé, et je n’ai jamais cessé de collectionner ces articles depuis ce temps. Aujourd’hui, j’ai plus de 200 prototypes de toutes les époques et de toutes les fabrications, à partir du début des années 80 jusqu’aujourd’hui.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de collectionner des produits Apple ?

Après l’obtention de mon diplôme universitaire, je n’avais pas d’emploi et je cherchais quelque chose à faire de mon temps. J’ai toujours aimé les ordinateurs Cubes G4 et en 2011, ces ordinateurs n’étaient vraiment pas chers. J’en ai acheté, mis à jour et vendu sur eBay. Plus tard, je suis tombé sur l’annonce de CraigList mentionnée dans la question précédente. Dès lors, j’ai commencé à collectionner des prototypes.

Qu’est-ce qui vous passionne dans la chasse aux prototypes ?

J’aime collectionner les choses qui n’existent pas vraiment. C’est un grand défi, et par ailleurs c’est très gratifiant. On me consulte parfois pour me demander le prix de leurs prototypes. C’est difficile de leur répondre; comment estimer la valeur d’un objet qui est peut-être le seul qui existe au monde ? Et pour beaucoup de gens, il y a un côté sentimental relié à ces objets. Le processus de création de ces prototypes est fascinant. C’est une véritable fenêtre sur le monde secret du «quartier général» du 1 Infinite Loop. J’adore entendre les histoires sur ces produits  uniques, et souvent ces histoires sont plus intéressantes que les prototypes eux-mêmes.

Pouvez-vous nous raconter l’une de ces histoires ?

Ces histoires sont souvent des anecdotes d’anciens employés de Apple, nostalgiques à propos de leur temps passé chez Apple; ils en retiennent une expérience unique d’y avoir travaillé. Un jour, j’ai acheté un prototype de clavier et l’ingénieur du projet me disait comment il était incroyable de travailler chez Apple : « Imaginez que vous avez 24 ans, étant tout juste diplômé du collège, avec un budget illimité pour travailler et le fait d’avoir à votre disposition toutes les possibilités pour arriver à compléter un projet à temps ! » Apple possède l’un des plus grands budgets d’exploitation du monde. Les choses ont peut-être changé depuis cette époque.

Quel est votre élément de collection préféré ?

Je dirais que mes éléments favoris sont les vieux appareils translucides. Je trouve très intéressant d’être en mesure de voir à l’intérieur des machines quand elles sont en marche, et voir comment ils fonctionnent.

Est-ce vrai que tous les dimanches, vous démarrez tous vos appareils ?

Oui, c’est vrai. Généralement, j’essaie de mettre en marche tous mes ordinateurs une fois par semaine. Je les démarre pour m’assurer que les disques durs restent bien lubrifiés, pour vérifier que tout fonctionne et que ça demeure ainsi. C’est beaucoup plus facile à réparer lorsqu’un bris survient, au lieu d’attendre que l’objet devienne pratiquement irréparable.

Quel serait votre meilleur conseil pour un jeune collectionneur ?

Cherchez quelque chose que vous aimez et devenez-en un expert. Lorsque vous trouverez cette idée et y deviendrez passionné, le reste suivra son cours. Et si vous devenez assez talentueux dans ce que vous faites, il est probable que vous pourrez en vivre. Pour ma part, je ne vis pas de cette passion, mais j’essaie parfois de vendre ou d’échanger certains articles, dont ceux que je possède en double par exemple.

Vous considérez-vous parfois comme un aventurier, un Indiana Jones à la recherche d’un trésor enfoui ?

Dans un sens oui. Jusqu’à ce qu’une personne me contacte pour certains objets rares, je ne sais absolument pas qu’ils existent. C’est très «cool» de regarder mes courriels et découvrir un objet que personne n’a entendu parler ou qui n’a jamais été vu auparavant. Chaque jour, il devient possible qu’une pièce inconnue de l’histoire de Apple resurgisse au grand jour.