Denis Gagnon - 19 février 2016
Dans la douceur de cette belle journée d’hiver remplie de gros flocons de neige qui tombent tranquillement sur les arbres dans ma cour, je me surprends à me questionner sur la légitimité du cryptage imperturbable de l’iPhone.
En effet, en ces temps tumultueux où se produit presque chaque jour un attentat dans le monde, il semblerait que les terroristes utilisent de plus en plus les téléphones d’Apple ou de Google pour se transmettre des données en raison de leur cryptage réputé inviolable. En fait, seuls les utilisateurs en possèdent la clef.
Le Federal Bureau of Investigation (FBI) en a fait l’expérience lors de la collecte d’indices à la suite de l’attentat de San Bernardino au mois de décembre en Californie. Le FBI a essayé de récolter des informations sur l’iPhone 5 d’un des djihadistes, ce qui aurait pu lui permettre de trouver d’autres membres du mouvement radicalisé. Toutefois, ses experts n’ont jamais pu le décrypter et se sont tournés vers Apple pour faire la demande d’un programme qui donnerait accès aux données convoitées. L’entreprise de Tim Cook a rejeté la demande, refusant de s’engager sur ce terrain, car elle craint que ce programme ne se propage dans le monde, ce qui aiderait d’autres organismes à enfreindre la vie privée des usagers. La Cour fédérale américaine a tout récemment tranché en faveur du FBI, mais Apple a enclenché des procédures pour en appeler de ce jugement.
Comme vous l’avez sûrement compris dans ce résumé, voici le dilemme auquel je suis confronté : en ces temps tourmentés, devrait-on autoriser les autorités policières à avoir accès aux données de nos cellulaires afin de trouver de nouvelles pistes pour contrer le terrorisme ? Ou, devrait-on plutôt prioriser la vie privée des usagers ?
Cela m’amène à me poser plusieurs autres questions :
– Est-ce que les données cellulaires apporteront suffisamment de pistes pour venir à bout du terrorisme ?
Si oui :
– Quel sera l’impact sur la vie privée de la majorité des usagers ?
– Quel sera l’impact sur les entreprises qui se fient au chiffrement des données pour que leurs secrets industriels ne tombent pas entre les mains d’autres compagnies ?
– Est-ce que nous revivrons le scandale américain de la National Security Agency (NSA) qui espionnait les conversations des usagers de téléphones cellulaires ?
Si non :
– Pourquoi autoriser le décryptage par les autorités policières ?
Sur toutes ces nombreuses questions, je vais continuer à réfléchir en sirotant mon café et en me perdant dans ce paysage hivernal enchanteur…
Source : La Presse (Montréal, Québec, Canada)
L’auteur est parodontiste retraité des Forces armées canadiennes. Après vingt-trois ans de service pour le pays, il fait du bénévolat pour plusieurs organismes et suit l’actualité reliée à Apple.
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